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30 octobre 2017 | י חשון התשעח
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Un projet original pour comprendre le conflit israélo-palestinien

Extrait d'une vidéo Youtube de la chaine de Corey Gil-Shuster (avec l'aimable autorisation de Corey Gil-Shuster)

Extrait d’une vidéo Youtube de la chaine de Corey Gil-Shuster (avec l’aimable autorisation de Corey Gil-Shuster)

Corey Gil-Shuster, universitaire d’origine canadienne a mis en place un projet vidéo « Ask an Israeli, Ask a Palestinian » (Posez une question à un Israélien/un Palestinien) interrogeant des Israéliens et Palestiniens sur le conflit.

Diplômé de l’université Saint-Paul d’Ottawa spécialisé dans les conflits, il a par la suite travaillé en tant que chef de projet au ministère canadien de la Santé sur les populations autochtones. Approfondissant sa connaissance des conflits ainsi que de la culture palestinienne à l’université de Haïfa, il a entamé un doctorat à l’université de Tel Aviv où il dirige le programme de médiation et de résolution des conflits internationaux. Depuis le lancement de son projet, en 2012, il a réalisé plus de 400 vidéos, certaines atteignant près de 500 000 vues sur sa chaine You Tube.

IsraPresse a rencontré l’instigateur de ce projet qui offre un panorama inédit des opinions des sociétés israélienne et palestinienne.

Israpresse: Comment est venue l’idée de ce projet?

Corey Gil-Shuster: J’avais des discussions et des débats avec des personnes sur Facebook et sur des forums, et elles affirmaient des choses sur les Israéliens, ainsi que sur les Palestiniens d’ailleurs, qui n’avaient aucun rapport avec la réalité que je vivais depuis des années en Israël. Au fil du temps, j’ai récolté des questions et je suis allé les poser en Israël et dans les Territoires palestiniens.

Quelle est la différence entre filmer en Israël et dans les Territoires palestiniens? Les gens réagissent-ils différemment?

Les problèmes sont différents. Avec les Israéliens juifs, la moitié accepte de parler devant la caméra. Parfois ils demandent à ce que je baisse la caméra car ils ont le sentiment que leur opinion est trop dure, ce à quoi je réponds que je veux toutes les opinions. Mais en général, la plupart n’ont aucun souci avec le fait de donner leur avis en public. Dans les Territoires palestiniens, si je viens par moi-même, 95% refusent car ils ne parlent pas assez bien anglais. Mais si je suis accompagné d’un Palestinien qui m’aide à les approcher, alors la plupart d’entre eux acceptent d’être filmés. Les Israéliens arabes sont encore différents: je viens vers eux en parlant hébreu et 20% acceptent de me répondre et d’être filmés.

Depuis que vous faites ces vidéos, est-ce que vos opinions et vos idées ont évolué?

Oui. Pas tant sur les Israéliens car je savais déjà ce qu’ils pensaient, donc avec eux j’essaie plutôt de trouver de nouvelles façons de poser les questions afin d’en retirer plus d’informations.

Avec les Palestiniens, j’étais un peu naïf et je m’attendais à recevoir plus de réponses pacifistes, et j’ai été très déçu de constater que le mot « paix »  est un peu comme un gros mot. C’est d’ailleurs l’une de mes questions « Pourquoi le mot « Paix » est un gros mot? ». Je pose parfois des questions en m’attendant à une réponse, et, à mon grand étonnement, je reçois une réponse complètement différente.

Que ressentez-vous lorsque certains utilisent vos vidéos afin de conforter leurs propres positions?

En effet, ça arrive. Les gens sont en colère contre moi lorsque je mets en ligne une vidéo qui ne confirme pas leur opinion, et ils ont l’impression que je les ai trahis. Je leur dis que ce sont les questions telles que je les reçois. Je ne suis pas forcément en accord avec les questions que je pose, je n’aime pas toujours les réponses que j’entends. Ce qui m’intéresse, c’est de vraiment savoir quelle est la véritable opinion des personnes que j’interroge sur tel ou tel sujet.

Dans les échanges que vous avez sur Facebook, vous tenez des propos très durs à l’encontre des Palestiniens, sans aucune méchanceté, mais comme si vous souhaitiez leur faire voir la réalité. Qu’avez-vous conclu au sujet des Palestiniens? Vous parlez parfois d’une sorte de délire dans le sens où ils vivent dans une illusion.

Oui, je pense qu’ils vivent dans une illusion, une sorte de « délire ». Je pense que les Israéliens vivent aussi dans ce même délire d’une certaine manière, mais les Israéliens sont plus conscients de leurs illusions. De l’autre côté, les Palestiniens sont totalement aveuglés par leur manque de recul, et ce pour deux raisons. La première est que les Palestiniens, ainsi que de nombreuses sociétés arabes, ne sont pas doués pour se regarder dans le miroir, se critiquer, et surtout pas devant les autres. Je veux savoir ce qu’il se passe vraiment dans la société palestinienne, pas pour les dénigrer, mais pourquoi ne le montreraient-ils pas? Ça fait partie du processus de responsabilisation et de progrès d’une société.

Pensez-vous qu’il y aura un jour la paix?

Non, pas du tout. Je ne vois pas comment. Les deux discours, les deux manières de voir ce sur quoi porte le conflit sont tellement différents. Vous pourriez aussi bien parler de ce qu’il y a de commun entre le Pérou et la Chine. Les Israéliens arrivent dans une certaine mesure à se mettre à la place des Palestiniens, les Palestiniens plus rarement peuvent de temps en temps y arriver mais très rapidement, comme un ressort, tout revient à sa position initiale, chacun de son côté retourne à cette vision un peu délirante dans ce qu’ils estiment se dérouler.

Retrouvez les vidéos de Corey Gil-Shuster sur sa chaîne YouTube:

www.youtube.com/user/coreygilshuster

Propos recueillis par Israel Tavor