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30 octobre 2017 | י חשון התשעח
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La carte Adi : le don d’organes certifié casher !

Adi Ben Dror. L'initiateur de la carte Adi.

Adi Ben Dror. L’initiateur de la carte Adi.

L’association Adi porte le nom d’Ehoud (Adi) Ben Dror, un jeune homme soudainement tombé malade à l’âge de 26 ans d’une grave maladie et dont l’état s’est dégradé jusqu’à l’insuffisance rénale terminale. Traité par dialyse durant deux ans, recevant une transplantation tardivement, il a finalement succombé. Cette carte de dons d’organes était son idée. L’association verra le jour en octobre 1978. De nos jours, 823,264 Israéliens possèdent une carte Adi, soit 14% de la population adulte.

Le président Reouven Rivlin, ayant récemment reçu des familles de toutes les religions rapprochées par les dons d’organes, a lancé un appel aux Israéliens afin qu’ils obtiennent leur carte Adi au plus vite. Il a fièrement exhibé la sienne et a écouté les témoignages poignants de ceux qui ont perdu leur proches et qui ont rencontré des enfants vivants et souriants, respirant grâce aux poumons de l’un, courant grâce au cœur de l’autre.

Alors que beaucoup croient toujours que la religion juive et le don d’organes ne peuvent faire bon ménage, le rabbin Shlomo Aviner, fier détenteur de sa carte « Adi », a éclairci pour Israpresse, les raisons pour lesquelles la Halakha (la Loi juive) est non seulement favorable, mais encourage le don d’organes.
carte adiIsrapresse : D’où vient ce mythe selon lequel il ne faut pas donner ses organes au moment de la mort ?
Shlomo Aviner : Il faut tout d’abord définir s’il s’agit de mort cérébrale ou d’arrêt du cœur et donc, du corps. Jadis, on ne savait pas faire la différence. Quand le cerveau s’arrêtait, l’oxygène ne recevait plus l’ordre de circuler vers les poumons et le cœur cessait. De nos jours, on peut maintenir quelqu’un en vie, même si la mort cérébrale est déclarée. On reste donc en vie, dans un état végétatif permanent, alors que le cerveau ne fonctionne plus. Il ne s’agit donc pas ici de prendre ses organes à une personne vivante, ce serait un meurtre ! Le rabbin Feinstein, grand décisionnaire américain en la matière, ainsi que les deux grands rabbins d’Israël, le rabbin Eliyahou et le rabbin Shapira parlent d’une action d’une grande importance, ce que l’on appelle en hébreu, une grande « Mitsva ». Sauver des vies humaines, peut-on espérer faire mieux ?

I : Combien de personnes en Israël attendent des greffes ?
S.A : A l’heure où nous parlons, plus de 1000 personnes sont en attente d’une transplantation qui leur évitera une mort certaine. 700 d’entre eux n’ont besoin que d’un rein. On peut vivre provisoirement avec un rein artificiel, mais dans des souffrances hebdomadaires souvent insupportables, du fait de la dialyse qui leur est imposée. Une personne peut sauver à elle seule sept autres personnes. Les organes que l’on peut donner sont les deux poumons, les deux reins, le cœur, le foie et la peau.
Un homme est venu me trouver le jour de la mort tragique de sa sœur dans un accident de voiture pour me demander conseil. J’ai voulu lui signifier l’urgence de la situation et j’ai préféré ne pas me lancer dans une longue explication. Je lui ai simplement sorti ma carte  « Adi » et je lui ai dit : « Il faut agir rapidement ». N’oublions pas que la carte de dons d’organes possède une mention facultative selon laquelle on peut demander l’intervention d’un homme de religion. Ainsi, les Juifs pourront avoir l’aval d’un rabbin, les Chrétiens, celui d’un prêtre et les Musulmans, celui d’un imam.

Un peu d'humour noir: "Doublez moi! Quelqu'un a besoin de votre rein". Photo Facebook.

Un peu d’humour noir: « Doublez moi! Quelqu’un a besoin de votre rein ». Photo Facebook.

I : A ce sujet, les personnes d’autres religions donnent-elles leurs organes plus que les juifs ?
S.A : Absolument. Dans l’islam, il n’y a pas de litige ou de dilemme. Sauver des vies est au-delà de tout. Pour les autres non-juifs aussi, d’ailleurs. Beaucoup d’Israéliens originaires de l’ex-URSS donnent leurs organes. Ils ne se préoccupent pas de mystique encombrante. Les juifs me demandent souvent : « Mais que m’arrivera-t-il si je n’ai plus tous mes organes le jour de la résurrection des morts ? ». Je leur réponds que la résurrection est, par définition, un miracle en soi. D’un soldat tombé au combat ayant brûlé vif dans son tank, il ne reste qu’un paquet de cendres et c’est cela que l’on enterre. Alors sera-t-il ressuscité en paquet de cendres ? C’est bien évidemment en deçà de toute logique ! Souvent, ce sont précisément des gens qui ne sont pas religieux qui me posent ces questions. Toute leur vie, ils n’observent que très peu de commandements, mais le jour de leur mort, ils deviennent soudain trop religieux pour faire don de leurs organes. Je les appelle « les religieux d’outre-tombe » !
On ne peut pas choisir à qui seront donnés nos organes. Mais cela n’a aucune importance, car la personne à qui l’on donne, donnera indirectement à quelqu’un d’autre et c’est un cercle merveilleux. Certaines personnes donnent même leurs organes de leur vivant, parfois-même sans connaitre préalablement le destinataire de leur rein ou leur poumon. Je les qualifie de héros, mais pour eux, c’est tout à fait naturel. Alors à fortiori, lorsqu’on est mort, on n’a plus besoin de quoi que ce soit et deux mois après le décès, il ne reste plus rien de ce qui aurait pu sauver de nombreuses personnes. Vous l’avez compris, le message est simple : la religion juive fait l’apologie de la vie. Elle encourage absolument le don d’organes. Obtenez votre carte de donneur ».

Pour obtenir votre carte Adi et pour de plus amples renseignements, consultez le: www.adi.gov.il ou le site du ministère de la Santé en français:
http://www.health.gov.il/French/Topics/Organ_transplant/Pages/kartis_ADI.aspx.

Yaël Bornstein